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Groupes de niveau à l’école – La duplicité des Chefs d’Établissements

Ils s’insurgent, à juste titre, contre les mesures de Gabriel Attal, concernant le « choc des savoirs », un énième slogan du spécialiste de la « comm’ » !

Sur la forme, c’est-à-dire sur la mise en œuvre pratique, il leur sera en effet compliqué de mettre en place les fameux groupes de niveau dans la confection des emplois du temps des élèves et des enseignants. En effet, il va falloir aligner toutes les heures des cours de français et de mathématiques en 6e et en 5e, soit une série de dédoublements ou voire de détriplements, mais cela à moyens constants, et malgré les effets d’annonces habituels du ministère concernant des dotations d’heures nouvelles.

De surcroît, une problématique cachée de mise en œuvre n’a évidemment pas été évoqué par le ministre : Comment réaliser ces alignements de groupes alors que beaucoup d’enseignants travaillent dans plusieurs établissements, deux voire trois dans certaines régions rurales.

Ainsi dans les collèges, les mercredis matin et les vendredis après-midi vont devoir se remplir d’heures de cours, n’en déplaisent aux usages catégoriels, voire à ce sport national !

Sur le fond, les chefs d’établissements ont raison, car les groupes de niveaux ne sont en rien le gage d’un rattrapage de niveau scolaire ; tous les avis scientifiques convergent vers cette conclusion. En outre, on peut craindre une stigmatisation au grand jour, voire même l’émergence d’une nouvelle forme de groupes-ghettos.

Enfin, s’agissant des redoublements, on satisfait l’imaginaire collectif de l’ancien temps, un rien populiste, celui des sanctions ou des punitions ; il ne manquerait plus que le retour des coups de règles sur les doigts ou bien encore le bonnet d’âne !

En fin d’année scolaire, lors des conseils de classe, certes les chefs d’établissements auront « le dernier mot ». Mais si trop de redoublants existent, les effectifs vont augmenter alors que les dotations horaires resteront à moyens constants, n’en doutons pas. Il faudra alors choisir entre pas, ou très peu de redoublants, ou bien au contraire, se retrouver avec des classes surchargées ; on connaît la suite auprès des enseignants.

Pour les rectorats, avec la distribution des heures, il y aura là un moyen sournois de téléguider le processus en fonction du chef d’établissement lui-même (au regard de son degré habituel d’allégeance) mais également en fonction de l’environnement « socio-syndical » de l’établissement concerné.

En résumé, voilà potentiellement qu’émergent des forces contraires avec une fois encore des mesures aux effets paradoxaux. L’immobilisme guette.

Mais, pour le grand public, la magie perverse de « la comm’ » renvoie de la clarté, de l’assurance, et de l’autorité.

Seulement voilà, pendant que leur syndicat pousse des cris d’orfraie quant aux principes républicains bafoués, un petit nombre de chefs d’établissements s’adonnent à une expérimentation singulière relayée par la presse en janvier. Cette pratique nouvelle pour ces personnels est plus particulièrement douteuse quant à ces mêmes principes républicains, ou plus précisément quant aux fondamentaux de notre vivre-ensemble, invoqués à tout-va pour solliciter les consensus ou légitimer des propos.

En effet, certains chefs d’établissement trouvent « normal » de prendre des cours d’auto-défense proposés par l’institution (Académie de Poitiers) pour parer eux-mêmes aux différentes intrusions ou violences dont sont victimes les établissements scolaires. Gagner du temps, nous disent-ils !

N’est-ce pas, dans le principe, entériner la banalisation des lieux scolaires où une violence aléatoire y serait au fond consentie ; tout cela argumenté par le fait que cette violence se répand sous beaucoup d’aspects et dans nombre de lieux de notre société.

Au nom du pragmatisme et sûrement de la fierté de l’expérimentateur, c’est cette profession-là qui ose « s’asseoir » sur des valeurs fondamentales, en initiant de tels comportements.

Dans cette pseudo-logique, voici les métiers qui seraient alors et pourquoi pas concernés : les médecins, les buralistes, les pharmaciens, les caissières, les conducteurs de bus et sûrement beaucoup d’autres commerces et professions. Comme les systèmes de vidéosurveillance ne suffisent manifestement plus, voici donc la seconde étape, avant de valider le vigile au bout des couloirs des établissements scolaires.

Pour s’assurer de l’efficience d’un tel dispositif, il suffira de se rendre en stage, par exemple dans un établissement scolaire de la capitale texane où des vigiles, armés, sont postés au fond de chaque couloir, depuis plus d’une dizaine d’années déjà !

Un exemple… pour « faire école » ! 

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